L'Union Monétaire Européenne est une étape essentielle de l'évolution
du marché unique européen. L'introduction de l'Euro profitera en
Europe tant aux consommateurs qu'aux entreprises.
La mondialisation a suscité une vive compétition entre les entreprises
mais aussi entre les différentes régions économiques. La taille
de l'espace économique américain et le dynamisme de la région Asie-Pacifique
ont exercé une pression sur l'Europe. En dépit des difficultés actuelles
rencontrées par certains pays du Sud-Est asiatique, cette situation
concurrentielle ne changera guère à l'avenir.
Le processus d'intégration européenne aboutissant à un marché unique
contribue à cet égard à améliorer la situation des entreprises en
Europe. Jusqu'ici, les sociétés américaines et japonaises essentiellement
pouvaient tabler sur l'important volume de leur marché intérieur.
Les firmes européennes pourront à l'avenir bénéficier des mêmes
avantages dans le cadre d'un marché unique européen utilisant une
même monnaie. Les Etats de l'UE représentent à ce jour 38 % du produit
intérieur brut des pays de l'OCDE et 21 % du commerce international.
Et même si tous les pays de l'UE ne participent pas dès le début
à l'Union Monétaire, il n'en est pas moins certain que l'Europe
deviendra, après la zone dollar US, le deuxième marché de capitaux
du monde.
Outre la disparition du risque de change dans la zone Euro, une
plus grande transparence pour les consommateurs et les entreprises
devrait avoir un effet positif. Le consommateur pourra en effet,
à l'avenir, comparer plus facilement les produits proposés par des
fournisseurs de différents Etats de l'UE. Les conversions en différentes
devises disparaîtront, comme les pertes de change et les fluctuations
monétaires. Les changements se feront surtout sentir sur les marchés
caractérisés par d'importants écarts de prix d'un pays à l'autre.
C'est sur ces marchés précisément, par exemple celui de l'automobile,
que l'intensification de la concurrence va bénéficier aux clients.
Les consommateurs résidant dans des pays européens où certains biens
sont plus chers que dans d'autres, en seront les principaux bénéficiaires.
En effet, la concurrence plus ouverte dans la zone Euro entraînera
un alignement des prix vers le bas. En outre, les taxes à la consommation
des différents pays auront, à terme, également tendance à s'harmoniser.
Les consommateurs verront leur pouvoir d'achat s'accroître dans
les pays européens et bénéficieront en outre de baisses de prix
sur certains produits.
Sous cet angle, l'introduction de l'Euro constitue un véritable
défi pour certaines entreprises. Un marché plus ouvert et une pression
croissante sur les prix provoqueront des difficultés dans les sociétés
qui, jusqu'à présent, profitaient de la forte segmentation du marché
européen. Réciproquement, de nouveaux débouchés s'ouvriront dans
la zone monétaire européenne aux entreprises à forte productivité.
Parmi les bénéficiaires figureront avant tout les sociétés qui,
aujourd'hui déjà, ont une stratégie offensive. Disposer d'un réseau
de distribution performant dans la future zone Euro et entretenir
des relations commerciales durables avec d'autres pays européens
constituent des atouts majeurs. Ainsi, les grandes entreprises,
qui ont déjà une vocation internationale, bénéficient au départ
de conditions favorables dans le cadre de l'Union Monétaire. Le
passage à l'Euro nécessite un effort d'adaptation plus important
de la part des PME, mais leur offre par ailleurs des potentialités
inexploitées à ce jour.
Toutes les entreprises profiteront de l'Union Monétaire Européenne,
non seulement en tant que fournisseur, mais aussi comme client.
L'entreprise pourra, tout comme les consommateurs, réaliser des
économies auprès de ses fournisseurs. La transparence des prix se
répercutera donc à double titre sur les entreprises.
Les opportunités offertes ne se limitent pas aux ventes et aux achats,
mais concernent également le choix des sites de production, la capacité
de financement ainsi que la recherche et développement. La réforme
des procédures internes à l'entreprise liée au changement de monnaie
offre en outre l'opportunité de contrôler les processus et donc,
le cas échéant, de poursuivre les efforts d'optimisation en recourant
au "reengineering" ou à "l'externalisation". Le processus de conversion
crée enfin une demande accrue en matériel informatique, en logiciel
et en conseil, ce qui constitue un marché intéressant pour les entreprises
spécialisées dans ce secteur.
L'aspect organisationnel et technique de cette conversion monétaire
ne doit pas être sous-estimé. Dans les grandes entreprises notamment,
les relations financières internes et externes sont étroitement
imbriquées. L'Euro exige donc des efforts d'adaptation à tous les
niveaux : tout d'abord vis-à-vis des clients mais aussi des fournisseurs,
des collaborateurs, des actionnaires, des banques, des organismes
sociaux, de l'administration fiscale, sans oublier les fonctions
internes à l'entreprise que sont les ressources humaines et les
relations sociales, le controlling, la comptabilité et le
financement. Le coût financier exceptionnel d'une telle conversion
ne doit toutefois pas être dramatisé. Il est compensé par des effets
de synergie induits par les adaptations informatiques nécessaires
liées au changement de millénaire et par la réduction constante
des coûts de transactions et de couverture contre les risques monétaires.
En fin de compte, les avantages apportés par l'Euro aux consommateurs,
aux investisseurs et aux entreprises dépassent largement les coûts
exceptionnels d'adaptation et de conversion. L'Union Monétaire européenne
constitue un véritable défi pour toutes les entreprises mais, pour
les plus rapides et les plus souples d'entre elles, ce sera surtout
une chance considérable. Ceux qui sauront le mieux tirer profit
des nouvelles opportunités offertes et de la transparence accrue
en matière de concurrence pourront finalement figurer parmi les
gagnants.
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